Pourquoi est-il important de différencier causes et déclencheurs de la migraine ? Il y a souvent confusion entre les deux or, les distinguer permet de mieux se connaître et d’adopter les bonnes pratiques de vie anti-migraine. Car si le migraineux est impuissant face aux causes de la maladie, il peut prévenir les crises en évitant certains facteurs déclenchants. Le point sur la question.
Différencier causes et déclencheurs de la migraine pour mieux la comprendre
Il est fréquent d’entendre que la migraine est due au stress, à l’alimentation, aux hormones, etc. En fait, il s’agit de facteurs déclenchants. Ceux-ci ont un effet sur le cerveau migraineux du fait de sa nature hypersensible. Alors qu’ils sont sans conséquence sur un cerveau non migraineux.
La différence est là, au cœur de cet organe qui n’a pas les mêmes mécanismes chez les personnes prédisposées ou non. Car, comme nous allons le voir, la sensibilité excessive du cerveau migraineux est due à un dysfonctionnement neuro-vasculaire et à une prédisposition génétique. Il réagit à des stimuli sans répercussion sur le cerveau non migraineux en produisant une crise lorsqu’il y est soumis. Voilà de quoi déculpabiliser le migraineux : il n’est pas responsable de la constitution de son cerveau !
Nous avons tous un seuil de déclenchement de la douleur qui, lorsqu’il est atteint, active l’information douloureuse. Chez les migraineux, ce seuil est plus bas que la norme, ce qui le rend moins résistant. Les facteurs déclenchants, qui s’accumulent et atteignent rapidement ce seuil, sont facilement identifiables à condition d’y être attentif. Ils sont propres à chaque migraineux qui a tout intérêt à les connaître pour faire en sorte de les éviter.
Connaître les causes de la migraine pour mieux l’expliquer
Causes neurologiques et vasculaires
La migraine résulte d’un dysfonctionnement physiologique complexe impliquant les vaisseaux et le système nerveux cérébral.
En simplifiant (beaucoup), voici ce qui se passe dans le cerveau migraineux :
Le cerveau migraineux produit une activité électrique anormale liée à une excitabilité des neurones sensoriels excessive. Cela entraîne une activation inhabituelle du système trigémino-vasculaire composé entre autres des nerfs trijumeaux, qui véhiculent la perception de la douleur dans la tête.
Cette stimulation provoque une dilatation et une inflammation des vaisseaux cérébraux, responsables de la douleur migraineuse.
Causes génétiques
La migraine repose également sur une prédisposition génétique qui n’est pas forcément héréditaire, excepté pour la migraine hémiplégique familiale. Dans ce cas particulier où les crises s’accompagnent d’une paralysie de la moitié du corps, l’unique gène responsable a été identifié. On parle alors d’une forme monogénique de la maladie.
Toutes les autres migraines sont polygéniques : elles dépendent de plusieurs gènes dont plus d’une dizaine ont été repérés depuis 2010.
Les dernières découvertes ont révélé une mutation génétique à l’origine du dysfonctionnement d’une protéine. Celle-ci, au lieu d’empêcher l’activité électrique des neurones sensoriels, se met à la stimuler, provoquant la douleur céphalique.
Les progrès de la science sont essentiels, car plus les chercheurs décodent les mécanismes de la migraine, plus ils sont en mesure d’élaborer des antimigraineux ciblés et efficaces.
Identifier les différents facteurs déclenchants pour les éviter
Les facteurs déclenchants ont tous un point commun : le changement d’état (ou variation). C’est-à-dire le fait de passer d’un état particulier, qu’il soit positif ou négatif, à un autre état. Ainsi, on peut être sous tension pendant toute la semaine au travail et au moment où l’on décompresse, la crise surgit. C’est tout le paradoxe de la migraine du week-end !
Les principaux facteurs déclenchants sont :
- Les changements de rythme de sommeil : le manque ou l’excès de sommeil, le décalage horaire.
- Les variations alimentaires : manger plus ou moins que d’habitude, sauter un repas ou jeûner, manger plus tard, être déshydraté. Certains aliments sont fréquemment identifiés comme le chocolat, le fromage, les œufs, la caféine ou l’alcool.
- Les fluctuations hormonales chez la femme : la chute des œstrogènes lors du cycle menstruel peut provoquer une migraine dite cataméniale.
- Les évolutions climatiques : la chaleur, la pression atmosphérique, l’humidité.
- Les modifications émotionnelles : le stress ou inversement, le fait de se détendre ; les émotions vives négatives ou positives.
- Variations sensorielles : une odeur forte, une luminosité accrue, certains sons.
Ces déclencheurs diffèrent d’une personne à l’autre et c’est souvent la combinaison de plusieurs d’entre eux qui provoque la crise. Les repérer permet de modifier et d’adapter son comportement, bref, d’avoir un contrôle non négligeable !
Prévenir les crises migraineuses en tenant un agenda
L’agenda est l’outil indispensable du migraineux pour identifier les facteurs favorisants et les éviter. Il est aussi essentiel au médecin pour prendre en charge le patient, déterminer le type de maux de tête et prescrire le bon traitement.
Vous pouvez tenir votre journal sur papier, via une application ou en téléchargeant Mon agenda des migraines
Que noter dans son agenda ?
- Le moment où survient la crise : jour, heure, durée.
- L’intensité de la douleur.
- Le médicament pris, sa quantité et son efficacité.
- Les circonstances qui ont précédé la migraine : qualité et quantité de sommeil, alimentation, règles, activité physique, stress, stimuli sensoriels, température, etc.
- Les prodromes : ce sont les signes annonciateurs de la crise. On peut ressentir une grande fatigue, une excitation, une fringale soudaine, etc.
En fonction de tous ces critères propres à chacun, adoptez les bonnes pratiques : pensez à boire de l’eau, gardez le même rythme de sommeil, ne sautez pas de repas, etc.
Le calendrier des migraines est également très utile pour surveiller le nombre de médicaments pris afin d’éviter la surconsommation médicamenteuse.
En tombant dans l’abus de médicaments, on rentre dans un cercle vicieux et on entretient sa maladie au lieu de la freiner : c’est la céphalée chronique. D’épisodique, la migraine devient quotidienne. Un sevrage et un accompagnement médical s’imposent alors.
Vous connaissez maintenant la distinction entre causes et facteurs déclenchants de la migraine. Vous voulez (re)prendre le contrôle grâce à l’agenda des migraines ? Lisez Agenda des migraines : 5 bonnes raisons de le tenir
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Sources
- La migraine, Dr Pierric Giraud et Dr Sylvie Chauvet. Éditions Mango, 2019
- La Société Française d’Etudes des Migraines et Céphalées
- L’INSERM
- La Voix des Migraineux
- Migraine, savoir explorer les céphalées
Article écrit par Sandra Gonzalez
Commentaire sur “Causes et déclencheurs de la migraine : ne les confondez plus ! ????”